mercredi 30 avril 2014

Dollars, dollars

28/03/14 à ?
Jour 222 - étape 178 - 72km

Les tambours ont résonné toute la nuit, les chants aussi mais cela ne m'a pas gêné plus que ça, et ce matin, un étrange personnage est passé devant moi, tout recouvert de tissu ou de plastique blanc, le visage dissimulé. Les enfants et les adultes ont ri à son passage, je suppose que c'est une tradition type enterrement de vie de garçon. 

Je petit déjeune et range mon matériel comme ci de rien n'était, la vie du village bat son plein, les enfants se peignent avant d'aller à l'école, le grain de maïs est moulu dans la case d'à côté et les gens viennent questionner le chairman. Je le remercie de son hospitalité et prend la route, celle ci continu à monter, la zone est beaucoup moins peuplé qu'auparavant.

J'ai du passer les 15000km de voyage, à priori car le compteur est définitivement rempli d'eau, même en le laissant au soleil, rien ne se produit. Certains diront que c'est mieux ainsi, je roule l'esprit libre, sans notion de vitesse et de distance, mais bon le gps me fournit toutes les données nécessaires. 

Me voici, à la frontière, je bois quelques sodas pour finir mes metical et fais du change pour 2 $ et pars vers l'immigration anxieux de savoir si l'on ne va pas encore me demander de payer un visa à prix prohibitif mais le prix est celui dont j'avais connaissance 30 $, l'entrée prend un peu de temps mais le douanier est plutôt sympa.

Une fois entré au Zimbabwe, je suis étonné de voir tant de monde marcher sur les bords de la route, tout de blanc vêtu, surtout des femmes, on dirait des bonnes soeurs infirmières. Puis, je suis surpris par des chants en provenance de la brousse, un groupe de personnes en cercle est entrain de chanter, en son centre deux personnes agenouillées et je comprend que c'est jour de baptême quand un des prêtes leurs verse de l'eau sur la tête, je crois comprendre que c'est un rituel d'une église apostolique. 

J'arrive à la ville de Kotwa où il me faudra un certain temps pour comprendre comment approvisionner le compte de la nouvelle carte sim que j'ai acheté, le package internet vaut 30 $ et oui, au Zimbabwe, la monnaie locale c'est le dollar.  30 $ pour le téléphone et 1 $ pour un repas copieux le midi, étrange paradoxe. Au restaurant, je rencontre Biggles, qui a appris le français en Zambie, il me conduira à la petite station essence et répondra gentiment à mes nombreuses questions. 

Je repars pour faire 20km environ et trouver une pompe où prendre de l'eau, je n'aurai pas l'occasion d'en profiter pour prendre une douche car les gamins et les femmes viennent y remplir constamment leurs bidons, moi qui voulait en faire ma place de camping, j'ai été facilement repéré. Je déménage en face dans l'enceinte de l'école où j'ai une grande étendue d'herbe et vu sur le ciel étoilé.

mardi 29 avril 2014

Au pied de mon baobab

27/03/14 à chibwe village
Jour 221 - étape 177 - 111km
J'essaye de me lever un peu plus tard que d'habitude malgré la chaleur et le bruit de la rue, Philippe et Luc n'ont pas le même horaire de lever que moi.  Du coup, je prends mon petit déjeuner sur le balcon. Une fois, tout le monde réveillé et restauré, nous prenons la route tous les trois, je devrais au préalablement resserrer ma roue arrière, car celle ce a bougé, quand? Comment?

A la sortie de Tete, gros attroupement, un gros truck est complètement retourné, pleins de farine ou de ciment éparpillé, je me demande bien comment il a pu arriver dans cette position? Mais il est vrai que certains poids lourds roulent extrêmement vites.

J'essaie de suivre le rythme de ces deux belges roulants, ce que je fais pendant 45km avant de faire ma pause seule, j'ai besoin de remettre du carburant dans la machine, nous nous retrouvons éventuellement plus loin. Les 42km suivants seront plus tranquille, il fait aussi plus chaud. 


Depuis que nous avons quitté Tete, le paysage a bien changé, mes amis les acacias sont réapparus, tout est plus sec, de gros baobabs poussent partout fournissant l'ombre protectrice nécessaire, ils sont parfois énormes, je n'ai jamais vu des arbres aussi gros. Ce paysage ressemble à celui du sud de la France. Par contre, il fait plus sec et l'eau est donc une denrée rare. Précédemment, de nombreuses pompes étaient installées dans les villages maintenant les femmes et les enfants doivent creusés de trous dans le lit des rivières et espérer pouvoir écoper quelques litres. 

À ma pause du midi, je retrouve Philippe et Luc, ils vont prolonger car il n'y a passé de lieu approprié pour dormir dans le ville Changara.

Moi, je m'installe dans un petit restaurant et je regarde la patronne et ces copines enfilaient les bières de 50cl. Une des gamines qui sait à peine se tenir debout aura le droit à ces lampées de houblons. 
Le terrain est approprié pour le camping mais il me faut de l'eau quand même et après 20 nouveaux kilomètres, je m'arrête dans un village fait de cases, demande où je peux avoir de l'eau et aussi pour camper au milieu des huttes. 

Tiktoto m'emmène voir le chef du village qui accepte avec joie. Ma tente est plantée au pied d'un gros baobab, les enfants viendront me voir sans jamais être intrusifs.

Dès la nuit tombée, c'est étrange, aucune lumière exceptée quelques diodes et portables, les flammes des feux dansent. Parfois, un gros camion passe sur la route, pas très loin et éclaire tout. La vie continue même dans le noir, les rires des enfants, les discutions et les tambours qui jouent.

lundi 28 avril 2014

Tete

26/03/14 à Tete

Il fait super chaud dans cette chambre et la veille, l'eau ne fonctionnait pas, l'un de nous à laisser ouvert le robinet du lavabo et la moitié de la chambre est inondée, heureusement qu'au cours de la nuit, Luc s'est réveillé pour fermer le robinet. Donc première chose, au matin, éponger toute l'eau qui a sur le sol plus quelques affaires humides. 

J'en profite pour laver pas mal de choses, le soleil tapant fortement, elles seront vites sécher, il faut dire que nous sommes redescendus à 150m d'altitude. 

La ville de tete, en elle même n'est pas d'une grande attractivité, mais elle permet de faire des achats à l'européenne, confiture, pâtes à tartiner qui me manquaient. 

J'irai aussi jeter un coup d'oeil au fleuve zambese. Hier sur le pont nous ne nous sommes pas arrêtés, il faut dire qu'avec la pluie et le flot de camions, ce n'était pas une bonne idée. 

Toute cette pluie d'hier, à détraquer mon compteur, plus rien ne s'affiche, il y a de l'eau à l'intérieur, on verra quand il séchera. Un petit coup d'internet mais le prix est excessif pour la qualité. 

On sent que l'économie minière de tete, permet d'augmenter les prix et d'arriver à quelque chose de semblable à la France.
Je cuisinerai dans la chambre, sur le balcon, et nous mangerons tous les 3 autour de la table.

dimanche 27 avril 2014

Tout mouillé

25/03/14 à Tete
Jour 219 - étape 176 - 101km

J'entends les gouttes tombées par averses sur le toit en taule de l'église, je prépare le petit déjeuner pendant que les enfants viennent pomper de l'eau et remplir leurs jerricans. Dès qu'ils me voient, ils s'enfient et vont se cacher derrière les arbustes. Ils reviendront tranquillement continuer leur travail quand le gardien de l'église viendra me saluer, je ne suis pas le fantôme blanc de l'église ni jésus réincarné. 

Je pars le ciel est bien couvert, les montagnes sont sous la brume. J'atteins la route et celle ci est un vrai gruyère, d'énormes trous partout. Pour moi ce n'est pas un problème mais pour les gros trucks américains c'est un vrai gymkhana. Du coup, je comprends d'où provenaient ces bruits de machines de construction que j'entendais hier soir.

La route descend et voici que j'atteins la partie basse, je ne dirai pas la plaine car ce n'est pas plat mais plutôt une sorte de vallée.
Je m'arrête acheter des bananes et des avocats en vue d'un petit déjeuner, pause que je ferai en bord de route, à regarder passer ces gros camions et ces voitures de chantier de mines. Cette région regorge de mines. 

J'avais pu éviter la pluie jusque là mais il faut que je m'arrête pour enfiler pantalon de pluie et guêtres. Légère pluie au début puis violente averse ensuite pour laquelle je n'arriverai pas à trouver un endroit correct pour m'abriter. Du coup, je préfère continuer et atteindre la prochaine ville pour pouvoir manger et attendre Luc et Philippe. 

Je m'arrête dans un resto, le patron me fait miroiter une énorme assiette avec riz, pommes de terre,  poisson et poulet pour 150mt mais seulement la moitié des produits arrivera et surtout mon voisin me dit que lui n'a payé que 100mt, du coup je ne paye que 100, il n'est pas content mais ne bronche pas tant que ça. 

Luc et Philippe arrivent tremper, nous restons 30 minutes à attendre que la pluie se calme mais ce ne sera que de très peu. Nous atteindrons Tete sous la pluie, grosse ville, après un essai, nous dénicherons un hôtel où nous montons les vélos dans la chambre. Trois vélos, quinze sacoches mais tout tient, il faut dire que les vélos sont au placard.

samedi 26 avril 2014

Comme dans un film ?

K06/04/14 à Lusaka
Jour 231 - étape 186

Programme de la matinée, se lever tôt et partir tôt car je ne sais pas combien de temps va me prendre l'ascension.  J'ai la chance que le ciel soit couvert, il tombe même quelques gouttes, la température n'est que de 23° C à 8h00.

Je rentre tout de suite dans le vif du sujet, 3km en 30min, le polo déjà entièrement trempé. Derrière moi, je laisserai les bords du lac kariba et le fleuve zambese. 

Je fais attention à cette route qui grimpe fortement, les bords de route sont recouverts de déchets en tout genre et surtout de restes d'accidents. D'ailleurs, à la sortie d'un virage, un camion retourné et deux à l'arrêt, plus loin une voiture cabossée dans le mauvais sens et des traces de pneus qui colorent la chaussée. 

Après 3h de ce type de montée à 10km/h, le dénivelé se fait plus tendre et à 40km enfin du plat. De là, jusqu'à Kafue, je serai poussé par un fort vent et ferai du 30km/h de moyenne. Je franchi la rivière kafue et son bassin, la nature est plus verte et à de relent de marais. 

Je m'arrête à Kafue, mange toujours le même type de repas, farine de maïs, poulet et chou/épinard, depuis la Tanzanie (et ces frites), je n'ai jamais eu autre chose. Je passe un court instant dans un cyber, ici le prix de l'internet mobile est exorbitant. 

Puis je repars vers Lusaka, seulement à 45km, par contre la route se fait plus grosse et le trafic plus important. Il ne me reste que 20km, je contacte Natalia warmshower qui m'héberge et met en route la navigation gps. Et voici que je me retrouve sur une petite piste rouge qui fait le tour de Lusaka par sa banlieue. La route est une vraie montagne russe, des trous énormes dans lesquels je passe sans difficultés, moi qui avait envie d'arriver rapidement après cette longue journée. Bon, je rentre dans la ville et trouverai le lieu de résidence de Natalia et Alice. 

Je suis accueilli très chaleureusement, la douche chaude m'attend, et un copieux repas aussi.

Sourire au Mozambique

24/03/14 à m?
Jour 218 - étape 175 - 124km

Dès 5h30, j'entends les gens qui empruntent la route, soit à pied,  soit à vélo, du coup je me lève car dès que le soleil est levé, je suis à nouveau visible. Mais paradoxalement, c'est qu'une fois levé, je n'ai plus à me cacher, personne ne viendra plus me réveiller.  Par contre, une fois visible, je serai vu et un attroupement se forme devant la bâtisse. Personne n'ose s'approcher, peut être me prennent ils pour le fantôme qui hante les lieux. Je prépare mes affaires et sort, on dirait un comité d'accueil mais les gens sont tout sourire. D'accueil, depuis mon arrivée au Mozambique, je trouve les gens plus chaleureux, plus souriants, moins de muzungu, ni de demande d'argent. 

Au loin, un front nuageux semble fournir de la pluie au montagnes et je me dirige droit sur lui. J'avance bien malgré le fait que la route soit en dent de scie, je descend plus que je ne monte. Tous ces efforts me donnent soif et heureusement qu'il est toujours facile de trouver une pompe à mains, fournissant de la bonne eau (j'y mets quand même des pastilles). Et cela donne faim aussi, dans un des rares villages où il y a du monde, c'est jour de marché, je m'arrête manger des frites, chou, tomates. Moi qui croyait que les africains ne mangeaient que du riz, je crois qu'ils mangent plus de frites que les belges. A chaque petit village, son petit stand de frites, plaque d'inox bombée remplie d'huile, sur un four en briques, c'est aussi simple que ça. 

Pas facile de trouver autre chose que ça à manger et je comprend, les seules choses qu'il y a à vendre sur le bords des routes, sont du charbon, de l'huile, des tomates et des pommes de terre.

Je fais mon second arrêt devant un petit shop sous un bungalow quand je vois passer Luc et Philippe, moi qui croyait qu'ils étaient plus avancés que ça.
Nous continuons tous les 3, un grain nous obligera à stopper et demander un toit au 3ieme bataillon de "je ne sais quoi", je n'avais pas envie que mes chaussures soient une nouvelle fois trempées. 

Arrivés à la jonction vers Tete, la seule guesthouse est hors de prix pour ce que s'est. Luc et Philippe prendront une autre direction et moi, je vais vers Tete, trouver un endroit où poser la tente. 

J'aperçois un panneau "church", peut être une solution et demande aussi à un jeune à vélo où trouver de l'eau. Et bien, la pompe est en face de l'église, bâtisse en briques rouges et taules.

Je demanderai si je peux poser la tente devant et on finira par me proposer de dormir à l'intérieur, dans un espace entre les bancs en pierre. J'accepte, j'ai un toit, je prends une douche, c'est royal. Par contre, au cours du repas que je prépare, je vois se balader fourmis, araignées, cafards mais aussi une autre petite bête plus rapide qui s'avèrera être un scorpion, je le mets dehors, espérons qu'il ne vienne pas m'embêter pendant la nuit.

vendredi 11 avril 2014

Payer le prix fort

23/03/14 après ulongwé
Jour 217 - étape 174 - 83km 

Le réveil se fait dans la brume, toutes les petites montagnes ont leurs sommets invisibles et une nappe recouvre les champs de la vallée.

Le temps que je petit déjeune et que je remballe la tente, les gardes du site seront venus me voir et un guide fait son apparition. Il m'emmene sur les 6 lieux différents du site afin de voir des peintures rupestres de deux types, les rouges faites par des pygmées datent de 1000 ans dont une superbe girafe et celles peintent en blanc par les bantou datant de 2000, plus difficiles à discerner, il faut parfois s'accrocher pour voir ce qui est représenté. 
Mais la grimpette à travers le bush vers le haut de la montagne mitoyenne à Mphunzi permet de me donner un très beau point de vue sur les montagnes alentours. Je retrouve la petite piste qui mène à Dedza, une piste qui grimpe et longe la frontière. On peut presque dire que je roule dessus car les bornes jalonnant le pays sont à moins de 2m.

Je rejoins la grande route, fais quelques courses, on ne sait jamais sur quoi on va tomber en changeant de pays, mange une assiette de frites et pousse jusqu'à la frontière. La sortie du Malawi ne pose aucun problème, rien à redire sur le nombre de jours où je suis resté. Je change, au black, à un bon taux, mes derniers kwasas et rentre au bureau d'immigration du Mozambique. 

Je remplis le formulaire, plutôt les formulaires, je n'avais pas prévu le visa à l'avance et cherche la case transit! Pour le visa transit,  il fallait le faire à Lilongwe, or Luc et Philippe m'ont dit qu'il était possible de le faire à la frontière. Donc pour passer, c'est 70 € ou 87 $, quoi ? Répond je, abasourdi. Pour 4 jours? Je reste au moins une heure à réfléchir si je ne vais pas rebrousser chemin et aller directement en Zambie. Il s'en est fallu de peu qu'ils me laissent passer avec un backshih mais maintenant que tout est informatisé, on ne peut même plus corrompre un douanier, merci l'informatique. Chose étrange, en monnaie locale, le metical, le visa ne fait plus que 47 €, une fois converti.

Bon aller j'y vais, je n'aime pas rebrousser chemin, mais tout mon change y passe, la somme était équivalente au metical près. Mon but, maintenant est de trouver un distributeur ou changer des dollars. Les gars du marché noir côté Mozambique ne veulent m'en donner qu'un taux médiocre. Je file donc vers Ulongwé.
A Ulongwé, bien sûr, les ATMne prennent que les cartes visa et pas ma mastercard, pour changer mes dollars, toute une histoire aussi, je suis aidé par un gars qui contacte quelqu'un qui finira par me changer mes 30 $ en 900M.
Ce soir, j'ai envie de faire du camping sauvage, ça me fera faire des économies aussi et le pays à l'air de si prêter. 
Remplissage d'eau à une pompe, alors que tout le monde rempli ces jerricans, moi ce ne sera que deux litres puis après 10km, personne sur la route, je file vers une maison, plutôt un ex restaurant/hôtel abandonné, il permet d'avoir une vue superbe sur le couché de soleil entre les pics rocailleux de la plaine. Je squatterai une des pièces au cas où il pleuve.

Vélo transport

22/03/14 à Mphunzi
Jour 216 - étape 173 - 110km

Je pars avec le sourire, il fait beau, Azimut est propre et huilé, le compteur fonctionne, c'est comme si rien ne s'était passé. Et puis, j'en remet une couche, je choisi de ne prendre que de la petite piste. Cela commence bien, puisque mon gps me fait passer par une voie privée, je suis obligé de quémander l'autorisation de passer par des fermes. C'est bon, on m'en laisse le droit. 

La piste est rouge, toujours, et bien damée, elle passe entre des champs de maïs, hauts de plus de 2m, cela me donne l'impression d'être entre deux murs. Je poursuis, demande mon chemin et me voilà sur un chemin, mes sacoches frottent sur les hautes herbes. J'ai vu sur la plaine où se situe Lilongwe et de l'autre côté sur des petites montagnes, toutes en formes voluptueuses. Elles me donnent l'impression d'être des baleines géantes à la surface d'une mer verte. 

Je rejoins l'asphalte, sur lequel de nombreux vélos circulent, dont quelques uns avec leurs portes bagages adaptés, un cochon, deux chèvres mais aussi des tas de bois jouant les pares soleil, des sacs des charbons plus larges que deux mètres et des courges et maïs.
À Mitundu, je m'aperçois que je n'ai pas pris la route que je voulais, je voulais aller plus à l'ouest. C'est pas tant une erreur que ça, je devais y passer mais demain, du coup j'oblique vers le sud pour me rapprocher de la forêt de Chongoni. Forêt que je verrai très peu, je me dis que tous ces vélos charriant du charbon et des branchages ne doivent pas aider à l'augmentation de la surface forestière. 

En bordure de forêt, je croiserai un peloton de vélos jaunes presque 7 bidons de 20l sont accrochés sur l'arrière, ils sont en montée, galère en se tirant la bourre. 

J'arrive enfin à voir la tête qu'à un plant d'arachide, cela ressemble à de petits arbustes feuillus comme des petits pois. C'est une des cultures du coin, il y a plein de champs partout et sur les bords de piste servent à en faire sécher des tas.

Fin de journée, un orage est derrière moi et se rapproche. Des plaines herbeuses et humides me font penser qu'il doit pleuvoir régulièrement mais je serai épargné.
Devant et autour de moi, des montagnes en forment de dents pointues et acérées ont poussé. J'arrive à Mphunzi qui est au pied d'une de ces canines. Je me dirige vers le rock painting site et passe devant une belle église en brique datant d'il y a 100 ans. Si trois jeunes hommes n'étaient pas venus me parler, j'y aurais sûrement dormi, la porte du fond était ouverte.
Du coup, je prolonge et demanderai à planter ma tente sur la pelouse de l'office du site.

jeudi 10 avril 2014

Lilongwe

21/03/14 à Lilongwe 

Une bonne nuit de repos, ça fait du bien, pas un bruit, un peu d'obscurité qui me font dormir 1h de plus par rapport à mon horaire habituel. 

Bien sûr, comme à chaque fois, lors d'un jour off et surtout en ville, j'ai un tas de chose à faire. Je me dirige vers l'area 2 qui semble être le quartier où tout se vend et s'achète, en quête d'une nouvelle pile pour mon compteur, ça va facile à trouver, puis de nouveaux lacets et quelques achats dont du thé. 

Je pars en quête d'une banque ou d'un bureau de change pour convertir des euros en dollars mais c'est plus difficile que prévu. Pour obtenir des dollars, il faut obligatoirement un compte dans la banque et au bureau de change en plus de mon passeport, il faut une preuve que je voyage. Direction le cyber café pour imprimer le billet retour (eh oui la date est déjà prevu et les billets achetés). Et me voilà avec une petite somme de dollars pour le Zimbabwe. Comme souvent, je suis à la recherche d'une chambre à air avec valve correct, ici cela devrait être possible mais le rayon du seul grand supermarché à l'européenne a été dévalisé au niveau des 26'.

Alors que je déambule, j'entends des "muzungu, muzungu", étrange car ici les autochtones t'appellent "boss", c'est Philippe et Luc arrivaient la veille, rendez vous est pris pour un repas ce soir. Dans l'après midi, je fais quelques achats sur internet en vue de l'arrivée d'Amélie dans deux semaines.

Coup de pot, la guesthouse a un grand jardin, tuyau d'arrosage et brosse, en moins d'une heure, azimut n'aura jamais été aussi propre que depuis le départ, plus de traces rouges. Il séchera tranquillement au soleil.
En fin d'après midi, j'arrive à négocier le mot de passe du wifi d'un cyber café et passe 1h à discuter avec Amélie, pendant que des mecs bourrés essayent de me parler, nous sommes vendredi soir et l'alcool a déjà bien coulé. Ici, il se vend en sachet plastique. 

Nous irons manger avec Luc et Philippe, indien très bon et Luc me donnera une chambre à air. Rendez vous est pris à Tété au Mozambique dans quelques jours.

mercredi 9 avril 2014

L'enfer rouge

20/03/14 à Lilongwe
Jour 214 - étape 172 - 73km

Le réveil est positionné à 5h30 pour prendre un petit déjeuner et partir avant que la foule ne vienne m'observer. Je verrais le soleil se lever derrière les collines puis Bandawe et le proviseur arrivent déjà. Les gens aussi m'observent de loin. J'enfile le petit dej en vitesse, plie la tente encore humide et file sur le chemin, le ciel est couvert et "maybe" qu'il va pleuvoir. 

La piste est bonne et contine à monter, serpentant sur les versants des montagnes. Parfois il faut que je descendes et pousse car la piste est trop raide, ravinée par la pluie et pleine de cailloux.
De plus en plus couvert! "Maybe", il commence à goûter, j'enfile pantalon et guêtres, mon polo est déjà trempé de sueur, il fait lourd. Et puis, il goutte de plus en plus et de grosses gouttes. Je vois le ciel se couvrir et une brume descendre sur les sommets. J'enlève mes lunettes, cela ne me sert plus à rien entre les gouttes et la brume mais il faut quand même que je fasse attention aux trous et bosses. Je croise un gars à vélo qui me dit que la route se détériore mais que cela passe.  Effectivement, il faut que je descende et évite les trous d'eau. Puis énorme pluie, je me cherche un abri sous une hutte avec d'autres personnes, la pluie tombe verticalement mais après 15 minutes cela se calme, façon de parler. Je décide de repartir mais cela devient galère, une pente, avec mes chaussures et les pneus d'azimut, on patine, impossible de rouler et de pousser. La montée sera éprouvante.

Plusieurs fois, des autochtones me feront rebrousser chemin car la route "is broken", du coup je passe sur un sentier entre des maïs plus hauts que moi, parfois sur un pont fait de rondin de bois à moitié écroulé. "Chutes à l'avant du peloton" mais sans conséquences, juste quelques glissades qui colorent mes sacoches de rouge. Mes pneux continuent à rouler mais difficilement, je ne vois plus, ni les crampons, ni mes freins, mes chaussures et guêtres sont elles aussi recouvertes. Je constate que le compteur ne fonctionne plus sûrement la boue. Ce matin, il m'a fait le coup de la pile qui se vide. J'en ai plein les mitaines, ayant mis les mains à terre pour me réceptionner. J'ai encore le sourire et me dis que je préfère être là qu'au bureau. Je raccroche une plus grande route, vois les camions embourbés et les ponts à moitié écroulés, cela me rassure de me dire que je peux encore rouler. 

3h pour faire 23km et arriver à Dowa. Là, un gars me propose de nettoyer mon vélo et mes sacoches, ce qu'il fera sommairement, avec ces moyens du bords (mains et bidons) et contre rétribution pendant que je mange mon assiette de frites.

Donc je pars pour Lilongwe quand résonne un bruit d'explosion à l'arrière, ma chambre à air vient d'éclater, lors du remontage je constate que le pneu est déchiré (encore une fois et après 1500km seulement), j'arriverai à acheter un exemplaire à dowa, coup de chance. Démontage et remontage avec 50 personnes derrière moi, il faut dire que je suis au centre du village. Je constaterai que le câble du compteur est sectionné. 

Second départ, revoilà l'asphalte et le soleil, je viens de passer une dernière fois le rift. Devant moi s'étend une plaine avec des pitons rocheux. Je profite de la descente et du beau temps pour faire sécher mes affaires sur mon gros sac à l'arrière.
Cela roule bien, vent dans le dos et plat mais à 5km de Lilongwe, crevaison à l'avant, je pompe, fais 3km et abandonne, je me dis que je réparerai à la guesthouse. J'avoue en avoir eu un peu marre, un moment de découragement, je suis sale, fatigué et j'ai qu'une envie me doucher, me poser dans un canap et regarder un film. 

Un petit gars dans un stand sur le bord de la route me force un peu la main pour réparer mon pneu ce qu'il fera en 20min pour 1€ et avec le sourire, il n'a même pas de pompe.
Je me remet à rouler et grâce au gps, je trouve un hôtel pas cher, le mufasta, où en larmoyant un peu, je dois avoir une sale tête, je dors dans un dortoir seul au lieu de camper. Je fais sécher la tente, lance une machine (je fais tremper mes fringues dans le washing bag) et bois un bon thé chaud.
Je vais rester ici pour repos et réparation, la journée a été éprouvante mais me fais déjà sourire, cela ne peut pas être comme ça tous les jours.
Je repense à John qui m'avait avisé de changer mes pneus quand Amélie m'a rejoint en Ethiopie, j'aurai écouté ces conseils.