mercredi 16 juillet 2014

Elle voulait revoir l'asphalte

24/05/14 à Rehoboth
Jour 279 - Etape 223

La nuit a été d'un calme, pas un bruit, à peine quelques cris d'oiseaux. Ce matin, le soleil s'est caché derrière la montagne, chaine de montagne en forme d'amphitéatre, une ligne droite de 30km forme un rayon dans ce demi-cercle. Le ciel est bien voilé, longtemps que nous n'avions pas vu ça et nous comprenons pourquoi la nuit n'a pas été si fraiche.

Nous remballons la tente vite fait, histoire de ne pas être trop repérés puis faisons griller notre pain au réchaud et y déposons une bonne couche de beurre de cacahuètes et de confitures (le petit shop de Sesriem nous avait permis de faire quelques emplettes) en regardant défiler les troupeaux de bêtes à corne et quelques zèbres.

Nous débutons par 10 km de montée en 1 heure puis la piste se fait meilleur et nous avançons bien. Toujours ces montagnes rouges posées sur un tapis d'herbes jaunes. Par contre, l'appareil photo a l'air de ne plus vouloir fonctionner correctement.

Amélie est devant moi avec un bon rythme, je m’arrête, essaye de faire fonctionner l'appareil photo, je renonce et me sert du téléphone. J'en profite pour positionner la caméra car une jolie descente se profile. Je m'élance, un peu surpris de ne pas voir Amélie remonter sur l'autre versant de cette cuvette, elle a du s’arrêter en bas, je penses !

Mais vision d'horreur, elle est étendue par terre à coté de son vélo, face contre terre, je descends le plus rapidement possible, elle est dans un état comateux, mi consciente, gémissante, les yeux fermés. La peur me saisit, nous sommes au milieu de nul part, je lui parle, lui tapote les joues, je veux qu'elle se réveille et pas qu'elle se laisse partir.

Coup de chance, un bus de touristes arrive, je le stoppe, deux médecins en descendent et donnent les premiers soins, elle arrive à répondre à mes questions (t'es qui, t'es née où et quand), me reconnait mais n'arrive pas à se rappeler ce qui s'est passé. Sur la route, des traces de pneus d'un vélo qui tangue. Elle me pose plusieurs fois la même question : "Aurélien, qu'est ce qui s'est passé", elle a du sang sur la tête malgré le casque et c'est cela qui m’inquiète le plus. Un 4x4 s’arrête aussi, je demande au conducteur de nous ramener à Sesriem car je sais qu'il y a une petite clinic mais les médecins et le conducteur préfèrent nous amener à une ferme qui se situe à 15km ou 20km.

Les vélos et les bagages sont montés dans le bus sans que je m'en préoccupe et Amélie est transportée dans le 4x4, elle a mal à l'épaule et quelques égratignures au coude gauche. Arrivés à la ferme, la maîtresse de maison, Isetta, nous aide à installer Amélie sur un des lits dans une chambre puis appelle une ambulance. Il lui faudra 1h30 pour arriver jusqu'ici, pendant ce temps je prends contact avec l'assurance de la carte bleu et avec la famille d'Amélie.

L'ambulance est là, quelques premiers soins, je prends nos sacoches vêtements et dit à Isetta que nous reviendrons mais je n'ai aucune idée de quand. Le trajet dans l'ambulance sur la piste est pénible mais Amélie tient le coup, nous l’empêchons de s'endormir à cause de son trauma crânien, elle a retrouvé ces esprits malgré une part d'ombre avant et après la chute, elle a mal à l'épaule malgré l'anti douleur.

Premier arrêt à Maltahohé dans un dispensaire pour prendre la tension, puis direction Mariental (120 km) où nous attendons pour partir vers Rehoboth car ici pas de machine pour faire les radios de l'épaule et de la tête. Après 180 km à 150 km/h dans un 4x4, nous arrivons à Rehoboth où enfin Amélie peut passer des radios mais la désappointement, aucun médecin n'est là pour les interpréter. Nous dormirons tous les deux dans la même chambre en attendant le verdict, demain, pendant que nos vélos se trouvent à 450 km.