mardi 8 avril 2014

Dernière vue sur le lac

19/03/14 à ?
Jour 213 - étape 171 - 103km

Réveillé avant le levé du soleil, par les 3 minibus qui se sont garés la veille, par les chauffeurs qui braillent, les téléphones qui sonnent. Il faut dire aussi qu'il n'y a pas de vitres aux fenêtres.
Peut être parce que John me manque mais j'ai acheté du simili porridge, sur la recette ils disent d'ajouter des bananes et c'est ça qui m'a mis en appétit. Donc ce matin, je commence par cuisiner et là! Où est ma cuillère en bois? Ça y est, cela m'est arrivé, je l'ai perdu, j'ai du l'oublier au dernier camping lorsqu'elle séchait. Dans mes sacoches, toute a une place, quand il manque quelque chose, un "vide" est vite visible, mais ma cuillère n'est pas dans ce cas là. Le porridge aura donc un gout amer et puis en voulant sécher mes chaussures avec le réchaud,  j'en ai fait brûler une partie ainsi que les lacets. Voilà une journée qui débute bien. 

J'enfile quand même mes chaussures qui tiennent comme ci, comme ça et qu'est ce que je retrouve en rangeant mes fringues dans une autre sacoche? Ma cuillère, je suis sauvé. 

En route, toujours prêt du lac, la route est parfois coupée par des bancs de sable et je comprend que c'est l'eau qui dévale les pistes et les cours des maisons qui charrie et dépose ces tas sur la route. Ce lac fourni en poisson toute la côte mais aussi tout le Malawi, il est souvent sécher sur des étales, transporté à velo mais aussi chose étonnante, suppendu à l'essuie glace central des minibus peut être pour le garder frais.

Je me rapproche du chal lagoon, souvent quand on pense lagoon, on pense bleu lagoon, eaux turquoises, bein là ce serait plutôt red lagoon ou mud lagoon. De loin, cela ressemble à un gros lac ou étang tout boueux, il tranche d'ailleurs très bien avec le vert des montagnes et le gris de la pluie. Je passerai sur le pont qui relie le lagoon et le lac, quelques hommes restent là à pêcher.

Je traverse de nombreuses rivières sur des ponts, elles descendent de cette grand enfilade de montagnes et irriguent tous les champs, idéale pour le riz mais aussi problématique car l'enlisement arrive rapidement, aussi bien pour les camions que pour les voitures. Du coup, pour bouger un camion, il faut un engin de chantier mais pour une voiture 20 bras suffisent.

Cette eau en abondance se retrouve dans les fossés de la route et coupe littéralement l'accès aux maisons et aux champs. Je vois aussi des gamins s'y baigner et les gens à vélo tentaient de les traverser. C'est dans cette eau que les femmes font la lessive, se servant du goudron de la route comme planche à laver.

C'est décidé, je sors de cette highway à vélo pour prendre une petite piste, piste qui est quand même une route secondaire, en France, un chemin mais la matière est assez roulante et agréable.  Agréable aussi le fait de se retrouver au milieu des petits villages, des huttes cachées parmi les cultures de maïs. Par contre, cela monte, me revoici sur les montagnes du rift mais bien moins haut que précédemment. Je me retourne une dernière fois, le lac est tout au fond, j'aperçois même les montagnes de l'autre rive. 

J'ai décidé de dormir dans un des villages, je me rapproche d'une école et demande si je peux poser ma tente. Pas de souci, par contre, me voici acteur entouré de 30 gamins, d'ados et aussi d'adultes. Le montage de la tente sera un vrai sctech, exclamation à chaque fois que quelque chose s'emboite.

Pour finir, je suis invité à manger par Bandawe, avec sa femme et son neveu, il est professeur et sa maison est adjacente à l'école, menu habituel, szima (ughali), haricots rouges et sorte d'épinards.
Sur le chemin du retour, je peux voir des lucioles dansées et la pleine lune montée.