dimanche 23 mars 2014

La piste verte

02/03/14 à Itumba
Jour 197 - étape 156 - 73km
  
Ici à la mission, tout est réglé comme du papier à musique, petit déjeuner à 7h, déjeuner à 12h, dîner à 19h, dès que le son de la cloche se fait entendre. Me voilà donc prêt pour prendre des forces et partir fraîchement. Sauf que l'on est dimanche et donc aujourd'hui, on chamboule tout et on va à la messe.

Soeur Louisa vient frapper à ma porte et me propose d'y aller. Non, je n'ai pas tourné catho mais cela peut être une bonne occasion de voir comment cela se déroule en Afrique. J'assiste donc à l'office et cela débute bien, jembé, tambourin et un autre instrument inconnu pour accompagner le chant rythmé des soeurs. Par contre, ensuite, j'aurai droit à 30 minutes de sermon en swahili. Ça va, j'ai passé une bonne nuit et reste éveillé mais la moitié des soeurs à ma gauche, a déjà les yeux fermés, peut être méditent elles? Mais c'est souvent accompagné de bâillements. Ouf, cela se termine comme cela a commencé, en coeur et en rythme, et on peut aller déjeuner.

Mon paquetage est fait et bien sûr, les soeurs m'offriront de quoi déjeuner sur la route (des oeufs durs et des frites, je leurs avais parlé de mes envies de frites) et un grand pot de confiture de mangue, là aussi j'avais du en parler. Adieux et remerciements des 2 côtés pour le travail qu'elles font et pour mon voyage.

Et me voilà de retour sur la piste, toujours de bonne qualité, voir meilleur car damée et dure à certains endroits, avec un vent fort dans le dos, j'atteins les 20km/h. Le paysage est fait de grands arbres avec de hautes herbes à leurs pieds qui alterne avec des champs de maïs. Il arrive parfois qu'il n'y ait plus un arbre ou que la forêt soit en cours de déforestation pour y mettre des cultures ou faire du charbon. Cela a l'air d'être un problème connu par le gouvernement car lors d'un arrêt thé, je rencontre Peter qui fait parti d'une association militant contre la déforestation et pour l'apiculture. Son fils et sa belle fille ont fondé l'association grassrootstz.org dans ce but, et vive sous des tentes dans le bush, un peu loin pour y faire un saut.

Je continue mon chemin et la piste se fait plus difficile, comme le caméléon elle change de couleurs, passant du gris au saumon en passant par l'ocre, le blanc et le rouge. Je me rapproche de la game réserve de rungwa, j'ai repèré, que parfois de petites carrières, ou plutôt des bassins de terres rouges, permettent d'avoir une zone dégagée en herbe. Et je tombe sur l'une d'elles alors que les engins de chantiers finissent de ratiboiser et damer la piste. Je m'y arrête, trouve un petit promontoire et attend que la nuit tombe, pour monter le campement. Au loin, j'entends les chants d'un enfant et les coups de butoir contre la terre ou un arbre.

Mitundu

Le 01/03/14 à la mission catholique de mitundu Jour 196

La soeur Louisa "m'oblige" à rester sous prétexte de laver mes affaires, il est vrai que mon short ressemble à du carton, noir avec des traces rouges que laisse la poussière de la piste. J'accepte et je vais donc à la buanderie, entre deux soeurs, laver quelques vêtements.

J'aurais ensuite le droit à la visite des lieux, la mission est très grande et comprend une école primaire avec internat, une école secondaire en construction, étables pour vaches, cochon, lapin et poule, champs de maïs et de tournesol dont elles extraient l'huile, c'est une vrai petite ville qui pourrait pratiquement vivre en autarcie s'il ne fallait pas acheter du riz pour les repas. Et puis le jardin fornit légumes et fruits (avocatier, bananiers, manguiers) dont elles font sirop et confiture. Et un atelier de couture qui confectionne pull et chaussures.

Tout ça permet à la population locale d'avoir un dispensaire, une maternité, un laboratoire et des écoles. L'absence d'engagement de l'état tanzanien est quelque chose qui m'intrigue.

La visite et le repas terminaient, j'irai faire un saut dans le village tout proche. De nombreux hommes patientent sous l'ombre des arbres et je comprendrai en voyant une extrade et de gros 4x4  blancs arrivaient en trombe qu'un meeting va se dérouler.

Le village est calme, je prends un thé dans un bar où les consommateurs regardent la chaîne national géographic, un reportage sur l'est sibérien, quel contraste!

La fin d'après midi sera repos entre sieste et lecture, tout est calme dans la mission, presque trop calme pour moi.