dimanche 15 décembre 2013

Départ précipité

Le 24/11/13-25/11/13 à Wadi Halfa
Jour 95/96 - Etape 81 - 23 km
Cette nuit, j'ai eu l'impression de redevenir lycéen ou étudiant, anxieux à l'idée d'avoir le résultat d'un examen et du coup je n'ai pas bien dormi. Ce matin, je prends mon temps en me disant que cela laisse l'opportunité à la dame du consultat de tout finaliser. Je reprends une troisième fois la route vers le stadium et arrive vers 9h. Le consultat est ouvert et un couple d'occidentaux et un japonais attendent à la réception, 1/2h après on nous fait monter au bureau des visas. 






Je récupère le formulaire rempli avec une signature (1 étape) puis passage chez l'officier des passeports qui arrive après 20min d'attente. Alors qu'il pose quelques questions, sur le soudan, à l'anglaise qui me précède, moi rien! Le document est signé (2ième étape), puis changement d'étage pour le paiement des 50$ du visa (3ième étape). Un nouveau passage chez la femme du début pour coller le fameux sésame et 10min d'attente (4ième étape) et voilà c'est gagné, je suis reçu. Sauf que j'apprends que le ferry n'est pas le lundi comme je le croyais initialement mais le jour même ce dimanche. Je me dis que c'est mort mais je fonce à l'office de la Nil Navigation Compagny, tout est fermé. Je rentre à l'hôtel et demande au réceptioniste d'appeler le manager, pas de réponse. Je monte dans ma chambre, range mes affaires dans mes sacoches en me disant que je vais au port et je verrai bien. Dernière tentative depuis mon portable et je tombe sur M. Salah qui me dis de venir immédiatement au port soit 20km. 
 
Branle bas de combat, je descends tout dans le hall, le réceptioniste me rembourse ma nuit du dimanche, c'est cool et me donne la traduction en arabe du mot "port" pour arriver à la bonne destination. Je passe retirer de l'argent, je m'aperçois que mon pneu avant n'est pas très gonflé mais tant pis, il faudra que ça passe, je fonce 18,5 km en 1h et pas d'eau. Arrivé au port, nouveau coup de fil pour trouver la billeterrie. Je rencontre John, un autre cyclo qui part pour le Soudan mais qui a déjà son ticket. J'obtiens mon billet contre 307L (1ière étape), je passe filtrer de l'eau et prends de quoi manger. Ensuite, j'entre dans le port et paye la taxe de 40L (2ième étape). Je dois slalommer entre les montagnes de cartons et de sac tirés par des chariots. Paiement de mon passage à bicyclette 54L ième(3ième étape). Passage aux douanes pour l'achat d'un timbre 2L (4ième étape) et remplissage de la fiche (5ième étape), me voilà sorti d'égypte.
Et enfin comme dans les jeux vidéos, j'ai le droit à l'étape finale "la montée dans le ferry" alors que tout le monde essaye de rentrer ces bagages et sa marchandise ou d'en sortir pour en rajouter, c'est un vrai cafarnaum. J'arrive à rentrer avec Azimut chargé mais à l'intérieur il faut que je décroche les sacoches car je dois monter 2 ponts. Je laisse les sacoches et monte Azimut et le pose où je peux car chacun a déjà délimité son carré, je rapproche mes sacoches et voilà je suis au complet et abord, ce que je n'aurais pas cru possible en début de journée.
On me demande de déplacer mon vélo et le voilà placer en dehors su bastingage contre les canaux de sauvetage, il est 14h et jusqu'à 18h, les marchandises s'entassent où elles le  peuvent.
John me rejoint et nous discutons avec les égyptiens et les soudanais. La nuit est là et je descend manger le plateau repas compris dans le billet (foul, vache qui rit, oeuf dur, confiture et pain. Un soudanais me conduira un hublot donnant sur une cabine où je dois remplir ma fiche d'entrée au Soudan. En remontant sur le pont, je passe un peu de temps dans un des canaux de sauvetage mais l'endroit n'est pas idéal pour dormir par manque de place. Je décide d'aller dormir à l'avant du navire, il y a de la place mais pour cela je dois retrouver ma sacoche  qui contient mon attirail de nuit et je dois littéralement escalader une montagne de marchandise à la lampe frontale pour pouvoir la retrouver et arriver à l'avant du bateau. Là je poserai mon matelas sous les étoiles, un léger vent m'obligera à prendre mon sac de couchage. 
 
Au matin, le levé de soleil sur le lac Nasser est magnifique, on croirait les montagnes et mer rassemblées. Passage devant le célèbre temple de Abou Simbel puis rapidement le soleil devient pesant et chacun de chercher une place à l'ombre en attendant l'arrivée prévue pour midi.







À l'arrivée au ponton, pardon, au port, c'est à nouveau l'euphorie, tout le monde veut descendre le premier, les marchandises, elles descendent par des cordes et le bateau se vide rapidement. Un nouveau passage par la cafétéria pour remplir un énième document et enfin je peux descendre Azimut et mes sacoches et quel meilleur moyen que la corde pour le faire. Azimut sera suspendu, moins 1 min, presque au dessus de l'eau.
Après un passage aux douanes qui collent un petit sticker orange sur chaque sacoche sans même les ouvrir, direction Wadi halfa. 



La ville se situe à 3 km et la première chose est de trouver un hôtel ce que John fera pendant que j'essaye de changer de l'argent. Enfin de compte c'est à l'hôtel que je ferai la transaction et me débarrasse de mes livres égyptiennes. En allant à l'hôtel, nous croiserons Steeve qui fait le trajet inverse au mien en vélo et remonte donc vers l'Egypte. Concernant l'hôtel ce n'est qu'une suite de pièce en boue sans électricité, sans lumière et avec 3 lits en ferraille, tout ça pour 15LS (1,5€). Certains arrivants déplacent déjà leurs lits à l'extérieur pour avoir de l'air. Nous allons manger tous les 3, de la viande et du pain. John et Steeve sont tous les deux anglais et j'ai du mal à les suivre quand ils discutent. Nous passons à la police de l'immigration mais il est trop tard, il faudra revenir le lendemain.






La nuit tombe et nous montons sur un promontoire pour avoir une vue sur la ville et le lac au soleil couchant. Des rapaces volent autour de nous et je realise que je suis au Soudan, la ville de Wadi Halfa est telle que je l'espérait lors de la préparation de ce voyage.

J'ai quitté l'Egypte précipitamment, ces falafels, ses chicha, son thé et les discutions politiques.