vendredi 11 avril 2014

Payer le prix fort

23/03/14 après ulongwé
Jour 217 - étape 174 - 83km 

Le réveil se fait dans la brume, toutes les petites montagnes ont leurs sommets invisibles et une nappe recouvre les champs de la vallée.

Le temps que je petit déjeune et que je remballe la tente, les gardes du site seront venus me voir et un guide fait son apparition. Il m'emmene sur les 6 lieux différents du site afin de voir des peintures rupestres de deux types, les rouges faites par des pygmées datent de 1000 ans dont une superbe girafe et celles peintent en blanc par les bantou datant de 2000, plus difficiles à discerner, il faut parfois s'accrocher pour voir ce qui est représenté. 
Mais la grimpette à travers le bush vers le haut de la montagne mitoyenne à Mphunzi permet de me donner un très beau point de vue sur les montagnes alentours. Je retrouve la petite piste qui mène à Dedza, une piste qui grimpe et longe la frontière. On peut presque dire que je roule dessus car les bornes jalonnant le pays sont à moins de 2m.

Je rejoins la grande route, fais quelques courses, on ne sait jamais sur quoi on va tomber en changeant de pays, mange une assiette de frites et pousse jusqu'à la frontière. La sortie du Malawi ne pose aucun problème, rien à redire sur le nombre de jours où je suis resté. Je change, au black, à un bon taux, mes derniers kwasas et rentre au bureau d'immigration du Mozambique. 

Je remplis le formulaire, plutôt les formulaires, je n'avais pas prévu le visa à l'avance et cherche la case transit! Pour le visa transit,  il fallait le faire à Lilongwe, or Luc et Philippe m'ont dit qu'il était possible de le faire à la frontière. Donc pour passer, c'est 70 € ou 87 $, quoi ? Répond je, abasourdi. Pour 4 jours? Je reste au moins une heure à réfléchir si je ne vais pas rebrousser chemin et aller directement en Zambie. Il s'en est fallu de peu qu'ils me laissent passer avec un backshih mais maintenant que tout est informatisé, on ne peut même plus corrompre un douanier, merci l'informatique. Chose étrange, en monnaie locale, le metical, le visa ne fait plus que 47 €, une fois converti.

Bon aller j'y vais, je n'aime pas rebrousser chemin, mais tout mon change y passe, la somme était équivalente au metical près. Mon but, maintenant est de trouver un distributeur ou changer des dollars. Les gars du marché noir côté Mozambique ne veulent m'en donner qu'un taux médiocre. Je file donc vers Ulongwé.
A Ulongwé, bien sûr, les ATMne prennent que les cartes visa et pas ma mastercard, pour changer mes dollars, toute une histoire aussi, je suis aidé par un gars qui contacte quelqu'un qui finira par me changer mes 30 $ en 900M.
Ce soir, j'ai envie de faire du camping sauvage, ça me fera faire des économies aussi et le pays à l'air de si prêter. 
Remplissage d'eau à une pompe, alors que tout le monde rempli ces jerricans, moi ce ne sera que deux litres puis après 10km, personne sur la route, je file vers une maison, plutôt un ex restaurant/hôtel abandonné, il permet d'avoir une vue superbe sur le couché de soleil entre les pics rocailleux de la plaine. Je squatterai une des pièces au cas où il pleuve.

Vélo transport

22/03/14 à Mphunzi
Jour 216 - étape 173 - 110km

Je pars avec le sourire, il fait beau, Azimut est propre et huilé, le compteur fonctionne, c'est comme si rien ne s'était passé. Et puis, j'en remet une couche, je choisi de ne prendre que de la petite piste. Cela commence bien, puisque mon gps me fait passer par une voie privée, je suis obligé de quémander l'autorisation de passer par des fermes. C'est bon, on m'en laisse le droit. 

La piste est rouge, toujours, et bien damée, elle passe entre des champs de maïs, hauts de plus de 2m, cela me donne l'impression d'être entre deux murs. Je poursuis, demande mon chemin et me voilà sur un chemin, mes sacoches frottent sur les hautes herbes. J'ai vu sur la plaine où se situe Lilongwe et de l'autre côté sur des petites montagnes, toutes en formes voluptueuses. Elles me donnent l'impression d'être des baleines géantes à la surface d'une mer verte. 

Je rejoins l'asphalte, sur lequel de nombreux vélos circulent, dont quelques uns avec leurs portes bagages adaptés, un cochon, deux chèvres mais aussi des tas de bois jouant les pares soleil, des sacs des charbons plus larges que deux mètres et des courges et maïs.
À Mitundu, je m'aperçois que je n'ai pas pris la route que je voulais, je voulais aller plus à l'ouest. C'est pas tant une erreur que ça, je devais y passer mais demain, du coup j'oblique vers le sud pour me rapprocher de la forêt de Chongoni. Forêt que je verrai très peu, je me dis que tous ces vélos charriant du charbon et des branchages ne doivent pas aider à l'augmentation de la surface forestière. 

En bordure de forêt, je croiserai un peloton de vélos jaunes presque 7 bidons de 20l sont accrochés sur l'arrière, ils sont en montée, galère en se tirant la bourre. 

J'arrive enfin à voir la tête qu'à un plant d'arachide, cela ressemble à de petits arbustes feuillus comme des petits pois. C'est une des cultures du coin, il y a plein de champs partout et sur les bords de piste servent à en faire sécher des tas.

Fin de journée, un orage est derrière moi et se rapproche. Des plaines herbeuses et humides me font penser qu'il doit pleuvoir régulièrement mais je serai épargné.
Devant et autour de moi, des montagnes en forment de dents pointues et acérées ont poussé. J'arrive à Mphunzi qui est au pied d'une de ces canines. Je me dirige vers le rock painting site et passe devant une belle église en brique datant d'il y a 100 ans. Si trois jeunes hommes n'étaient pas venus me parler, j'y aurais sûrement dormi, la porte du fond était ouverte.
Du coup, je prolonge et demanderai à planter ma tente sur la pelouse de l'office du site.