mercredi 23 juillet 2014

Suspendu, pas terminé !!

Voila, réveil dans un lit d’hôpital.

Durant la nuit, les infirmières sont venues, périodiquement, réveiller Amélie afin de vérifier que son trauma ne s'aggravait pas. Elle a dormi toute la nuit et au réveil, la douleur à l'épaule s'est amplifiée. Nous arrivons à rencontrer le médecin de garde qui a pu examiner les radios, et le verdict tombe. Amélie, comme de nombreux cyclistes amateurs et professionnels, s'est cassée partiellement la clavicule. Le médecin préconise 8 semaines avec une attelle, des anneaux pour lui tirer les épaules vers l'arrière et pas de vélo. Concernant le crane, aucune fracture visible, cependant après consultation du médecin français de l'assurance et pour nous permettre de continuer le voyage sans d'éventuelles séquelles, nous envisageons le passage d'un scan crânien et des cervicales.

Nous voilà parti pour la capitale, Windhoek. Cette fois-ci, nous arrivons dans une clinic privée à l’européenne avec tout le matériel nécessaire pour le diagnostic. Amélie passe son temps à dormir, une fatigue liée au trauma l’anesthésie à moitié. En fin de soirée, les médecins nous rassurent, rien de visible sur les clichés du scan, son cerveau doit, à peu prêt, être dans le même état qu'avant son accident. Maintenant il va falloir se reposer pour retrouver des forces.


Nous passerons une semaine à Windhoek, dans une auberge de jeunesse, au calme, à faire des petites marches jusqu’au centre ville où il y a un marchand de glace, glace préconisée par le corps médical pour la consolidation des os. Passage journalier par la grande surface dans un centre commerciale à l’européenne et sieste d'après manger pour Amélie. Moi je remercie le satellite de retransmettre Roland Garros.
Mais les questions se posent
Qu'allons nous faire maintenant ?
Rapatrier les vélos en France ?
Rentrer en France prématurément ?

Non, nous décidons d'acheter un énorme sac, 120 litres, pour y mettre tous les affaires qui ne sont pas liées au vélo et définissons un nouveau trajet pour la fin de ce voyage. A contre cœur, nous laisserons les vélos dans la ferme pour revenir ultérieurement. Car cela ne peut pas se finir comme cela, pas après 19000 km. Nous reviendrons l’an prochain pour terminer le voyage. Et puis transporter les vélos du coin perdu de la Namibie vers le Cap, aurait été une vraie expédition.

Me voila donc porter ce gros sac et Amélie ma sacoche de guidon, nous prenons place dans un mini bus en direction de Mariental, après 2h d'attente, le mini bus est enfin plein et nous partons. Celui-ci nous déposera à la jonction en direction de Maltahohé, dernière ville reliée par l'asphalte. A nouveau de l'attente avant d'un pick up tractant une remorque nous prenne, 2 fermiers, le père et le fils vont chercher un tracteur. Amélie prend la place du fils dans l'habitacle et lui et moi trouvons un petit coin dans le baquet arrière. Les paysages défilent à pleine vitesse, impossible de converser le bruit extérieur est trop fort.


Il est presque 15h quand nous arrivons à Maltahohé, il n'est pas prudent de continuer car maintenant nous abordons la piste et le nombre de voiture va encore chuter. A notre grande joie, nous nous apercevons que la ville comprend un backpacker, surement une ancienne clinic ou école, plein de plantes partout et des gens qui nous accueillent avec un grand enthousiasme.

Le lendemain matin, dès 9h, nous sommes plantés à la jonction, de la C14 et de la C19, les deux routes qui peuvent nous rapprocher de la ferme des Du Toit. Nous ne sommes pas seuls, 5 ou 6 personnes attendent comme nous un éventuel transport. Après 3h, d'attente, nous changeons de stratégie, nous repassons à l'auberge où Amélie va m'attendre pendant que je vais discuter avec quelques chauffeurs à la station essence. Là aussi, pas de réponse positive, direction l’hôtel, où l'on m'a indiqué que le patron pouvait me donner un coup de main. Nous voilà tous les deux entrain de questionner les clients. Un premier essai, impossible le chauffeur transporte déjà 14 personnes dans son 4X4.
Assis au bar, les pieds nus Boesman sirote sa bière, je lui explique la situation, lui me dit qu'il ne va pas dans l'exacte direction où nous voulons aller mais cela nous rapprochera, je lui dis aussi que nous n'avons rien non plus pour manger, ni coucher, il réponds que nous trouverons bien une solution chez lui. Et puis, il a des amis qui viendront de Sossuvlei et qui pourraient nous remettre dans le bon chemin. "Et la chasse ça vous gène? Car on doit tuer des chacals, des hyènes et quelques zèbres" Euh! Non tant que je ne suis pas obligé de leurs tirer dessus.

Nous voila embarquer, tous les deux dans un nouveau 4x4, direction la ferme de Boesman. Celui-ci lors du trajet, répondra à nos nombreuses questions sur le mode de vie des fermiers dans ce climat semi-aride. Il nous donne les mensurations de sa ferme 60000 ha, du haut de la montage là haut (où il n'a jamais mis les pieds) jusqu'aux 3 petites collines. Nous dit qu'il lui faut 40 ha pour nourrir une seule vache, tellement il y a peu d'herbe. A notre arrivée, nous avons droit à un petit bungalow particulier à l’écart de la ferme avec vu sur les montagnes et les vaches.

18h, à la tombée de la nuit, nous prenons place dans le 4X4 avec les amis chasseurs et arpentons la piste à la recherche des proies du jour. On va dire que ce sont de "bons" chasseurs qui ne tirent pas sur tout ce qui bouge, mais seulement sur le gibier désigné ce jour là. Avec des armes de guerre qui nous déchirent les tympans, ils tueront 4 zèbres et 2 chacals. La fin de soirée se passera autour du braii, la chaleur du feu nous réchauffe.

Après un jour pour nous en remettre, Boesman nous dépose à 2h30 du matin (il doit déposer les peaux et viandes de zèbres avant le lever du jour à Windhoek à plus de 300km) prés du croisement d'un piste qui devrait faciliter nos déplacements. Nous profitons qu'il fait nuit noire et froid pour continuer à dormir à même le sable dans les sacs de couchage que Boesman nous gentiment laisser. A 10h30, arrive la première voiture surprise de nous voir "perdus" au milieu du désert, deux touristes allemands feront un peu de place dans leur 4x4 pour que nous puissions nous y installer et après 1h30, à refaire une piste déjà connue, nous passons le point de la chute et arrivons chez les Du Toit. Il nous aura donc fallu 4 jours pour retrouver nos vélos.


 Isetta nous accueille à nouveau avec le sourire, nous discutons de leur vie à la ferme, une ferme de 120 000 ha, avec seulement 3 exploitants. Nous y passons l'après midi à faire le tri des affaires dont nous allons avoir besoin et celle que nous laisserons pendant un an. Outils de vélo, casques, sacoches seront mis au placard, alors que nous emportons tente, duvet, matelas, réchaud afin de continuer à faire du camping. Le jour suivant, nous sommes emmener par toute la petite famille au camping de Betta, nous les remercions pour leurs aides et leurs donnons rendez-vous l'année prochaine. 



A partir de maintenant de nouveaux paysages et aventures s'offrent à nous. Bon ça commence bien puisque nous restons scotcher à Betta, une journée impossible de trouver un véhicule pour nous transporter plus dans le sud. Mais ce temps d'attente, nous aura permis de rencontrer Mieke et Dieter, habitant du Cap où ils nous y donnent rendez vous. Le lendemain, nous profiterons d'une équipe de tournage de documentaire sur la Namibie pour arriver jusqu’à Helmeringausen, où après discutions avec la vendeuse du magasin, nous voila transporter vers Luderitz par une famille venue assister à un enterrement.


L'arrivée à Luderitz, c'est comme un mirage, nous venons de faire 3 heures de voitures dans le désert et soudain apparait une ville côtière aux maisons d'aspect allemandes, qui grouille de vie. Nous arrivons au Luderitz backpacker où le proprio nous offre de loger dans une grande chambre pour le prix du camping, nous n'allons pas refuser. Il nous propose aussi de l'accompagner pour son tour dominical avec son van. Nous aurons le droit à la visite du far, de la côte, des plages avec les explications locales et une bonne humeur. Luderitz sera une étape rafraichissante, l'air marin, les mouettes et le poisson grillé, nous font oublier pour un temps, l’aridité du désert.


Nous reprenons notre route en faisant une partie de notre chemin aller pour rejoindre le carrefour qu'est la ville Ketmanshoop, ville de passage pour rejoindre au sud l’Afrique de sud ou au nord la capitale Windhoek. Nous avons décidé de ne pas prendre le chemin que nous ferons l'année prochaine et nous allons passer plus de temps en Afrique du Sud, nous nous dirigeons donc vers la cote indienne. Après un petit moment d'attente à l'une des stations service de Ketmanshoop, nous voilà pris en stop par 2 fermiers qui habitent prés de la frontière, je suis à nouveau dans le baquet arrière sur un tas de pneu.
Amélie, elle a droit à un discours limite raciste par le conducteur.

Nous sommes déposés à 18km de la frontière, 2 gars nous déposent à la frontière assez rapidement où nous faisons sans difficulté les démarches pour sortir du territoire, voila la Namibie, c'est fini, c'est le pays dans lequel j'aurai passé le plus de temps. Au poste frontière, assez facilement, nous trouvons un chauffeur qui pourra nous emmener à la prochaine grande ville, il nous demande de l'argent pour le transport, chose qui se fait beaucoup en Afrique du sud. Il commence à faire nuit et nous voila lancer à 170 km/h sur les routes sud africaine déserte. 

Par contre, l'arrivée à Upginton se fait de nuit, personne dans la station service où nous nous sommes arrêtés, ne connait la rue où est situé le backpacker, en plus suite au passage de frontière, je n'ai plus assez à Internet. Nous voilà seuls en Afrique du Sud, perdus, je me remémore toutes les fois où l'on m'a parlé de ce pays "Be careful it's dangerous". Ce pays à mauvaise presse, mais ce soir là personne ne viendra nous embêter et nous finissons, avec de l'aide, à trouver le lieu. Aucun indice extérieur ne nous aurait permis de trouver le lieu sans aide.

Le 12 juin, nous voila dans une grande ville à l'occidentale. Mis à part un grand centre commercial, la ville de Upington ne me marquera pas. Nous essaierons de trouver difficilement un accès pour nous poser prés de la rivière Orange qui coule au milieu de la ville.

Après y être restés une journée, nous filons cette fois ci en stop plus au sud, un gars avec un camion de dépannage nous récupère rapidement et nous voilà 250 km plus loin. Ici tout est plus loin. A ma grande surprise, il n'y a pas tant de trafic que cela, nous serons obligés de nous déplacer vers une bretelle de sortie de la ville de Prieska pour avoir plus de chance d'être pris. Par contre, nous ne serons pas seuls à faire du stop, le stop est un sport national en Afrique du sud et nous apprendrons rapidement, les différents signes faits par les chauffeurs pour indiquer qu'ils sont pleins, qu'ils demandent de l'argent ou qu'ils déposent juste quelqu'un. Maintenant 3 heures que nous attendons, les autres stoppeurs ont eu plus de chance que nous, ils ont déjà été pris, est-ce du à notre couleur de peau ?


Nous poserons la question à Ricco qui s'arrête surpris, il nous dit qu'il a bien vu que nous étions des touristes grâce à notre guide. Nous lui posons un tas de questions sur la vie en Afrique du Sud avant et après l'aparthied, ses origines, sa famille.
Il est inspecteur de l'éducation et est métisse. Il est ce qu'on appelle ici un "bastard", du temps de l'apartheid on disait un "coloured", rejeté par les africains noirs et blancs, ils formaient un groupe à part.
Arrivés à De aar, il nous propose de venir dormir dans le petit appartement qui jouxte sa maison, si celui ci est libre. Nous passerons donc une bonne soirée, à discuter et à regarder un match de la coupe du monde. Au moins, le sport est un bon moyen de tisser les liens en rompre le silence.

Ricco et sa femme nous souhaite bonne chance pour la suite de notre périple, il nous déposera sur une bretelle d'accès à la grande route après nous avoir offert un petit sachet de biltongue. Les gens sont d'une extrême gentillesse envers nous. Nous n'aurons qu'à attendre 5 min pour qu'une voiture s’arrête et avec 2 autres gars, nous montons à l'arrière d'un petit 4X4 après avoir négocié le prix de la course. Nous traversons les paysages magnifiques du désert du Karoo. Après avoir été déposés à l'embranchement vers Graaff Reinet, nous attendrons un bon moment avant qu'un routier n'accepte de nous prendre avec un autre couple. Les routiers, quand il n'y a pas de caméra dans leur habitacle, arrondissent leur fin de mois avec les stoppeurs.


Le chauffeur est zimbabwéen et fan de chansons africaine en français, son rêve serait de pouvoir prendre des cours. Il a une énergie énorme, et le trajet court se fait très rapidement.

Après avoir arpentés le bitume à la recherche des 2 backpackers mentionnés dans le guide, nous décidons de tenter notre chance dans ce qui ressemble à un camping en pleine ville. La réceptionniste est toute étonnée d'avoir une demande de camping en cette saison, c'est vrai qu'il fait un peu frisqué, heureusement qu'il y a un petit bungalow faisant office de cuisine pour nous permettre d'être à l'abri du vent froid qui descend des montagnes entourant la ville.

Nous resterons trois nuit à Graaf Reinet, quatrième ville la plus ancienne d'Afrique du Sud, au programme déambuler dans une petite ville campagnarde aux maisons blanches et dont l'imposante église de style néo-gothique, ne pas être manquée. Les balades dans les montagnes qui entourent la ville, nous permettent de monter dans la vallée de la désolation, avec une vue sur le mont Spandaukop. Nous arrivons toujours à trouver un moyen de locomotion pour nous emmener ou ramener des lieux de visites.

Le 16 juin, nous quittons le cœur du désert du Karoo pour nous rapprocher de la mer, plutôt de l'océan indien, un minibus, nous fera faire les derniers 300 Km. Nous traverserons un des township principaux de la banlieue de Port Elizabeth pour y déposer les passagers au milieu des maisons en dur, toutes identiques mis à part les 3 couleurs qui les différencient. La taule a été remplacée par le béton, l’électricité est installée mais l'impression de ghetto noire, est toujours présente.

Dans le centre ville de PE (comme on dit là bas), c'est une autre image, ville côtière, grande villa et hôtel, un port en pleine activité.

Nous séjournons au Lungile Lodge Backpacker qui sera l'un des plus agréables endroits où nous avons eu l'occasion de séjourner, personnel agréable, endroit chaleureux, feu de cheminée, grande tv pour les matchs de foot. Comme activité, nous allons tenté, dans le park Addo, de continuer la liste des Big Fives, nous bookons un tour et nous retrouvons seuls avec un guide, Kévin. Après discutions sur notre voyage en cours, il met un point d'honneur (et du coup, un peu de pression) à nous montrer rhinocéros et lions. Pour les éléphants et buffles et petits animaux aucun souci, il y en a partout.



Par contre, rien concernant lions et rhino, la journée avance il nous faut sortir du parc à une heure précise, Amélie ferme les yeux sur le siège arrière, le silence se fait, après avoir sillonné le parc, mission non accomplie pour notre guide.

Quand sur la route, nous voyons marcher d'un pas non chaland, une lionne, enceinte en quête de sa proie du soir, nous roulons au pas à ses cotés, elle ne semble pas plus effrayée que ça. Nous aurons eu la chance de voir un des 7 lions du parc et nos derniers éléphants d'Afrique.

Nous passerons une autre journée en centre ville à éviter la forte pluie en visitant galerie et musée ainsi que quelques monuments dont le phare.

Maintenant que nous sommes prés de la mer, nous allons suivre la côte et en une courte étape, nous nous retrouvons à Jeffrey's Bay, mondialement connue pour ses spots de surf, c'est une des étapes du championnat du monde de surf. La houle sera au rendez vous pour nous fournir un beau spectacle, les surfeurs se débrouillent plutôt bien. Nous avons posé les valises dans un backpacker qui aurait bien besoin d'un bon coup de nettoyage, du coup, nous passerons la soirée autour du braii avec Wayne, un surfeur qui loue une petite maison.



Nous revoilà, sur la route, toujours en stop et avec notre gros sac, cette fois ci nous nous lançons comme défi de faire plus de 300 km pour atteindre Mossel Bay. Sans grande difficulté et attente, nous voilà partis, tous les deux allongés sur un matelas posé dans le baquet arrière d'un pick up. Cela nous donne une bonne vue sur les paysages de la Garden route. Tout est vert et luxuriant. La route longe la côte aux pieds des montagnes, le temps est un peu nuageux, il fait frais dans notre décapotable quand le soleil disparait.

Mossel Bay est à nouveau une ville côtière, l'endroit où nous avons décidé de dormir, la première nuit, est intriguant. Un train a été transformé en hôtel, posé sur les rail, juste en front de mer permettant une vue imprenable sur la baie. Mis à part la vue, c'est comme un train couchette de la SNCF. La seconde nuit, nous la passerons dans le camping municipal, lui aussi en front de mer, et beaucoup moins chers. Lors d'une mini balade, nous tenterons d'apercevoir des baleines mais nous ne verrons que des espèces de marmottes aux regards anxiogènes.



Nous reprenons la direction des terres pour une escale de 2 jours dans la petite ville de Swellendam, 3ᵉ plus ancienne ville d'Afrique du Sud, toujours des maisons de caractères et des églises. Des chemins de randonnée serpentent dans la  majestueuse montagne qui borde la ville. La balade sera plus difficile que prévu, Amélie a mal à sa fracture (peut-être le fait de marcher), cela monte durement et pour finir le chemin disparait subitement au détour d'une cascade.
Nous arriverons quand même à redescendre pour aller visiter un pittoresque musée sur les métiers anciens où nous ne sommes pas restés trop longtemps.

Direction la côte et la fameuse ville de Hermanus après 3 véhicules différents dont un semi remorque, nous sommes déposés à l'Hermanus Backpacker, un très bon accueil, et la réceptionniste se débrouille pour nous trouver un petit endroit sympa dans le jardin pour poser la tente. Nous aurions mieux fait de trouver un abri plus "dur" car il a plu et souffler toute la nuit, après un réajustement de la tente, il ne goute plus sur mon matelas.


Hermanus, ville de la baleine, et un peu plus loin Gaansbay, connu pour ces plongées parmi les grands requins blanc. Nous réservons pour les deux sorties, la plongée dans la cage et la sortie en bateau prés des baleines. Une balade, le long de la cote permet d'observer des baleines quand le temps le permet et qu'il n'y a pas trop de vent. Nous nous posons sur les banc, à l'affut du moindre souffle qui indiquerait la présence de ces cétacés. L'un d'eux passera à moins de 100m des falaises balayées par les vagues et au loin, nous apercevrons quelques sauts.

Le jour suivant, à 11h, nous sommes emmenés par un couple d'américain jusqu'à Gaansbay. J'ai réussi le matin même à obtenir des lentilles de contact pour pouvoir plonger sans mes lunettes. Le temps est beau, un peu nuageux, un peu de vent aussi mais nous allons pouvoir sortir avec le bateau, ce qui n'était pas le cas les 2 jours précédents.

Quelques consignes de sécurité et nous voila tous les deux avec 13 autres personnes, sur un bateau équipé de deux moteurs de 150 chevaux et d'une cage en ferraille. La sortie du port n'est pas si facile que ça, une houle de trois mètres chahute copieusement le navire. Direction le premier spot, la mer houleuse des jours précédents, ne permet pas une bonne visibilité, nous changeons de spot pour aller vers Shark Alley. Pas cinq minutes que nous sommes là, que nous apercevons déjà des squales qui nagent autour du bateau.

Ca valait bien le coup de faire 19000 km, les "monstres" sont là, nous tournent autour, attendant que nous faisions une faute pour nous sauter à la gorge. Bon je suis quand même dans une cage, dans une eau à 6°, avec le mal de mer mais le rêve se réalise. Nous rencontrerons Manfred et Anne Marie deux allemands qui comme nous, ont sauté à l'eau. Ils nous ramènerons à Hermanus dans leur petit 4X4.


 Le lendemain, rebelote, on reprend le bateau mais cette fois ci pas question de se mettre à l'eau pour voir les baleines, c'est dommage. Par contre, nous pourrons les approcher de très prés depuis un gros catamaran. Nous en verrons 4 nous faire une parade nuptiale. Spectacle magnifique pour ces mammifères de plus de 40 tonnes. Et puis avec des pilules, pas de mal de mer.

 Après cette pause pélagique, nous partons pour notre dernière étape, Capetown. Avant de rejoindre le centre de la seconde ville d'Afrique du sud, nous irons rendre visite à une autre espèce marine, les pingouins de Simon's town, réunis en colonie sur une belle plage de sable blanche. Pour arriver jusque là, nous prendrons le train, un train qui roule au ras de l'eau, image étrange quand en plus, la porte du compartiment n'est pas fermée.




Le lendemain, nous retrouvons Mieke et Dieter qui viennent nous chercher à la gare. Bonne humeur et joie de vivre émanent d'eux deux avec leurs 150 ans cumulés, nous sommes invités à dormir chez eux où nous regarderons un match de foot.

Le lendemain, ils nous poussent à aller sur la Table Montain puisque le ciel est découvert, ce qui ne devrait pas durer (ce qui se vérifiera les jours suivants avec un épais manteau de nuages). Avant cela, nous passons déposer nos affaires dans un backpacker, le big blue, en plein centre. Nous décidons de monter par le téléphérique et de descendre par un petit chemin escarpé. La vue du sommet est superbe, d'un coté le port et la ville et de l'autre la baie de False Bay. Par contre, suite à la descente (qui s'avérera plus difficile que prévue), à la moitié du chemin fait de hautes marches en pierre, et à une abstinence de sport depuis 1 mois et demi, nous voila tout courbaturés, à marcher comme des canards les jours suivants !

Cela ne nous empêchera pas le lendemain de partir en expédition vers le Cap de Bonne Espérance, mini bus, train puis une attente de deux heures avant que quelqu'un nous rapproche de l'entrée du parc, puis nouvelle voiture pour enfin arriver à cet endroit mythique, une langue de terre prise entre mer et océan, balayée par les vents. J'ai déjà prévu de refaire ce trajet en vélo l'année prochaine tellement la route est splendide.

Le soir, nous retrouvons Manfred  et Anne Marie, avec qui nous avons gardé le contact, pour regarder les matchs de 8ième de finale de la France et l'Allemagne dans un bar du front de mer du Cap, ambiance de ville et burger à la viande d'autruche.

 Le jour suivant, nous avons réservé la visite de l'ile de Roben Island, point de passage obligé afin de visiter le lieu d'emprisonnement de Nelson Mandela. La réservation est obligatoire, vu le nombre de personnes qui fait la queue. Après 45 minutes de traversée sur une mer toujours aussi houleuse, un guide, ex prisonnier, nous fait visiter le lieu de détention sur cette île.

Dernière journée, au Cap, visite du musée nationale et un ultime Fish and Chips.

Voila un mois et demi de transport en commun, de stop, presque 3000 km et une belle boucle en Afrique du sud.


Capetown, ville occidentalle, nous aura permis une acclimatation tranquille avant de quitter le sol africain et retrouver notre vie "normale". Je n'avais pas imaginé la fin de mon périple comme ça mais les rencontres, les changement de Cap et les aventures font partie intégrantes du voyage. Et puis le fait de savoir que nous avons pour objectif de revenir l'an prochain me met déjà en joie.

Rendez vous à tous l'année prochaine.











mercredi 16 juillet 2014

Elle voulait revoir l'asphalte

24/05/14 à Rehoboth
Jour 279 - Etape 223

La nuit a été d'un calme, pas un bruit, à peine quelques cris d'oiseaux. Ce matin, le soleil s'est caché derrière la montagne, chaine de montagne en forme d'amphitéatre, une ligne droite de 30km forme un rayon dans ce demi-cercle. Le ciel est bien voilé, longtemps que nous n'avions pas vu ça et nous comprenons pourquoi la nuit n'a pas été si fraiche.

Nous remballons la tente vite fait, histoire de ne pas être trop repérés puis faisons griller notre pain au réchaud et y déposons une bonne couche de beurre de cacahuètes et de confitures (le petit shop de Sesriem nous avait permis de faire quelques emplettes) en regardant défiler les troupeaux de bêtes à corne et quelques zèbres.

Nous débutons par 10 km de montée en 1 heure puis la piste se fait meilleur et nous avançons bien. Toujours ces montagnes rouges posées sur un tapis d'herbes jaunes. Par contre, l'appareil photo a l'air de ne plus vouloir fonctionner correctement.

Amélie est devant moi avec un bon rythme, je m’arrête, essaye de faire fonctionner l'appareil photo, je renonce et me sert du téléphone. J'en profite pour positionner la caméra car une jolie descente se profile. Je m'élance, un peu surpris de ne pas voir Amélie remonter sur l'autre versant de cette cuvette, elle a du s’arrêter en bas, je penses !

Mais vision d'horreur, elle est étendue par terre à coté de son vélo, face contre terre, je descends le plus rapidement possible, elle est dans un état comateux, mi consciente, gémissante, les yeux fermés. La peur me saisit, nous sommes au milieu de nul part, je lui parle, lui tapote les joues, je veux qu'elle se réveille et pas qu'elle se laisse partir.

Coup de chance, un bus de touristes arrive, je le stoppe, deux médecins en descendent et donnent les premiers soins, elle arrive à répondre à mes questions (t'es qui, t'es née où et quand), me reconnait mais n'arrive pas à se rappeler ce qui s'est passé. Sur la route, des traces de pneus d'un vélo qui tangue. Elle me pose plusieurs fois la même question : "Aurélien, qu'est ce qui s'est passé", elle a du sang sur la tête malgré le casque et c'est cela qui m’inquiète le plus. Un 4x4 s’arrête aussi, je demande au conducteur de nous ramener à Sesriem car je sais qu'il y a une petite clinic mais les médecins et le conducteur préfèrent nous amener à une ferme qui se situe à 15km ou 20km.

Les vélos et les bagages sont montés dans le bus sans que je m'en préoccupe et Amélie est transportée dans le 4x4, elle a mal à l'épaule et quelques égratignures au coude gauche. Arrivés à la ferme, la maîtresse de maison, Isetta, nous aide à installer Amélie sur un des lits dans une chambre puis appelle une ambulance. Il lui faudra 1h30 pour arriver jusqu'ici, pendant ce temps je prends contact avec l'assurance de la carte bleu et avec la famille d'Amélie.

L'ambulance est là, quelques premiers soins, je prends nos sacoches vêtements et dit à Isetta que nous reviendrons mais je n'ai aucune idée de quand. Le trajet dans l'ambulance sur la piste est pénible mais Amélie tient le coup, nous l’empêchons de s'endormir à cause de son trauma crânien, elle a retrouvé ces esprits malgré une part d'ombre avant et après la chute, elle a mal à l'épaule malgré l'anti douleur.

Premier arrêt à Maltahohé dans un dispensaire pour prendre la tension, puis direction Mariental (120 km) où nous attendons pour partir vers Rehoboth car ici pas de machine pour faire les radios de l'épaule et de la tête. Après 180 km à 150 km/h dans un 4x4, nous arrivons à Rehoboth où enfin Amélie peut passer des radios mais la désappointement, aucun médecin n'est là pour les interpréter. Nous dormirons tous les deux dans la même chambre en attendant le verdict, demain, pendant que nos vélos se trouvent à 450 km.