samedi 29 mars 2014

Banana Land

09/03/14 à Tukuyu
Jour 204 - étape 162 - 68km

Les dimanches, en Tanzanie (et aussi au Kenya), ont quelques choses de spécials, tout le monde est sur son 31 et va à la messe dans une des nombreuses églises. Et cela commence tôt! D'abord des cloches, cela faisait longtemps que je n'en avais plus entendu puis le prêche véhément d'un prête ou un pasteur et finalement des chants qui emplissent tout l'espace, impossible de les manquer. Ça a encore été le cas, ce matin, derrière la guesthouse.

Une fois, mes chapatis et donuts absorbés, je sors de Mbeya en partant vers l'est, le vent de face et des tas de camions qui s'excitent. Je vois de nombreux réparateurs de vélo et aussi un gros concessionnaire qui alignent les bécanes comme des voitures. On est dimanche et on vient faire le tour des occasions.

Front nuageux arrivant de l'est susceptible de fournir de fortes précipitations. En effet devant moi, une énorme vague de nuages, un gros rouleau gris qui avance. Sur les cotés, il a déjà commencé à absorber les montagnes dont celle où je roulais deux jours auparavant, j'ai à peine le temps de voir les pylônes près desquels j'ai fait ma pause thé et aussi le petit coin de montagne qui devient chauve de sapins.

J'étais encore sur le plat, base de la vallée du rift mais je tourne à droite, direction le sud, les montagnes et le gris des nuages. A cette intersection, je m'arrête sur les bords de route, point stratégique, rempli d'étales et me goinfre d'ananas prédécoupés, il me faut bien ça pour avoir une impression de chaleur.

Dans la montée, je retrouve eucalyptus et sapins, tout est vert, des vélos dévalent la pente chargés de ballots de foin. Des femmes étendent leurs linges sur l'herbe pour tenter vainement de les faire sécher mais la pluie viendra tout gâcher. Les gens me paraissent plus pauvres, surtout les enfants, souvent en guenille, à porter de lourdes charges ou à travailler dans les champs
.
Voilà j'ai finis de monter, avant de descendre, je choisis de me restaurer mais une bonne femme, passablement éméchée, m'embête, je reprends donc mon vélo et descend 5km à pleine balle. Cet arrêt sera le bon, au moins pour manger et faire une pause.

Et c'est reparti pour de la descente, je crois avoir descendu 800m et fais 30 km en 42min, en suivant la base du mont Rungwe, haut de 2952m. Mont rungwe, qui comme souvent en Tanzanie, est caché par les nuages. Je suis dans la vallée et les bananiers ont pris possession du paysage, chargé de régimes, soutenus parfois par un bambou tellement il sont imposants.

Lors d'une brève pause, en effet la journée se déroule rapidement avec cette descente, je verrai Azimut se prendre une grosse saussée et la route se vidait brusquement de toutes ces vendeuses de bananes ambulantes.

La pluie cesse vaguement, je repars et suis surpris par un attroupement de gens entrain de danser, en fait c'est une messe en extérieur où se déroule une sorte de radio crochet. Des enfants, des femmes et des hommes tous très bien habillés, s'essayent à chanter (juste) ou en playback pour faire vibrer la foule.

Malgré la pluie qui s'accentue, je finirai par rejoindre le camping Bongo, camping alternatif avec projets éducatifs. Toujours seul à planter la tente, j'assisterai à l'explosion de cette masse de nuages noire, qui me poursuivait, dans un feu d'artifice d'éclair et de pluie.